Lettre aux citoyens français et européens
Il y a tout juste une semaine, Donald Trump prêtait serment pour un second mandat à la présidence des États-Unis. Ce retour, à la fois redouté par les uns et attendu par les autres, annonce une recomposition (disons) brutale de l’ordre mondial. Il incarne les tensions d’un monde en crise. Crise climatique, où les catastrophes deviennent la norme ; crise sociale, exacerbée par des inégalités persistantes ; crise géopolitique, où les divisions s’accentuent et les alliances vacillent.
Le discours dominant semble aujourd’hui tout trouvé. Dans les médias, chez nombre de responsables politiques et dans les cercles d’experts, on ressasse l’idée d’un avenir sombre et d’un monde qui glisse inexorablement vers le chaos. Nous le disons avec force, ces postures de résignation et ces discours empreints de fatalisme sont dangereux, car ils occultent une vérité. L’Europe n’a jamais cédé face à l’adversité.
"Ces postures de résignation et ces discours empreints de fatalisme sont dangereux, car ils occultent une vérité. L’Europe n’a jamais cédé face à l’adversité."
Une Europe confrontée à ses contradictions
Depuis plusieurs années, l’Union européenne est confrontée à des vents contraires. La montée des populismes dans de nombreux États membres, qu’il s’agisse de l’Italie, des Pays-Bas, de la Slovaquie ou encore de l’Autriche, met à rude épreuve le socle démocratique et solidaire de notre Union. Parallèlement, les secousses économiques post pandémiques et les crises climatiques posent des questions fondamentales sur notre modèle de croissance et de gouvernance.
Pourtant, il serait illusoire de croire que ces difficultés marquent la fin d’un projet européen. Bien au contraire, les crises passées ont démontré que l’Europe sait puiser dans ses fondements pour se relever et innover. N’oublions pas que l’Union est née des ruines de la Seconde Guerre mondiale, et que son projet repose sur des valeurs socles inaliénables: la dignité humaine, la liberté, la démocratie, l’égalité et la solidarité. Ces principes ne sont pas des vestiges du passé, ils sont des outils pour bâtir l’avenir.
"Ces principes ne sont pas des vestiges du passé, ils sont des outils pour bâtir l’avenir."
Ne pas céder à l’immobilisme
Le tournant présent sera décisif. L’Union européenne est un moteur mondial. En alliant nos valeurs à une ambition portée par une croissance fondée sur l’innovation et la durabilité, nous avons tout ce qu’il faut pour transformer nos modèles.
Il ne s’agit pas de choisir entre croissance économique et justice sociale, entre compétitivité et respect de l’environnement, ou entre autonomie stratégique et ouverture au monde. Une Europe qui investit dans ses citoyens, dans ses infrastructures et dans ses territoires est une Europe qui se dote des moyens d’affronter le futur. Menés en 2024, les travaux des grandes figures européennes nous montrent plusieurs voies.
Mario Draghi, dans son rapport consacré à l’innovation, met en lumière la nécessité d’une transition écologique et numérique capable de transformer l’Union en une économie à la fois durable et compétitive. Draghi insiste sur l’urgence d’investir massivement dans les technologies de pointe, ainsi que dans des infrastructures vertes, pour réduire la dépendance énergétique et renforcer l’autonomie stratégique du continent. Il s’agit de faire de l’innovation le moteur de la compétitivité européenne, tout en plaçant la durabilité au cœur du projet.
De son côté, Enrico Letta appelle à un renouvellement profond des mécanismes de solidarité entre les États membres. Dans son plaidoyer, il rappelle que l’intégration sociale et une redistribution équitable des ressources sont des conditions indispensables à la cohésion et à la stabilité de l’Union. Selon Letta, l’éducation et la jeunesse doivent redevenir des priorités absolues pour renouveler cet esprit d’unité et d’espoir qui doit continuer de porter le projet européen.
Sauli Niinistö, enfin, souligne avec gravité l’urgence de renforcer les capacités de défense de l’Union face à des menaces extérieures croissantes. L’autonomie stratégique européenne ne peut plus être une ambition théorique. Niinistö plaide pour une Europe capable de défendre ses intérêts et ses valeurs, en investissant dans une coopération renforcée en matière de défense, ainsi que dans des technologies et infrastructures de sécurité communes.
L’Europe ne manque pas d’outils pour agir. Elle dispose de la force économique de l'un des principaux marchés mondiaux, de cadres législatifs innovants et d’une feuille de route ambitieuse pour le climat. Mais pour transformer ce potentiel en réalité, il est impératif d’enclencher une dynamique d’action. Ces instruments sont autant de preuves que l’Europe peut, et doit, se positionner comme un leader mondial en incarnant une alternative progressiste.
"L’Europe peut, et doit, se positionner comme un leader mondial en incarnant une alternative progressiste."
Une Europe des citoyens, une Europe de l’action
Les institutions ne peuvent, à elles seules, porter l’intégralité du projet européen. C’est aussi dans l’engagement des citoyens que réside la clé de notre réussite collective. La Conférence sur l’avenir de l’Europe a montré que les Européens aspirent à une Union plus ambitieuse.
L’Europe n’a pas à envier les États-Unis ou la Chine. Elle possède un modèle unique, nourri de siècles d’histoire, et fondé sur l’équilibre entre le progrès économique, la justice sociale et la protection de l’environnement. Nous avons le devoir de proposer une alternative crédible et enthousiasmante qui puisse servir de boussole au reste du monde.
"Nous avons le devoir de proposer une alternative crédible et enthousiasmante qui puisse servir de boussole au reste du monde."
Citoyens français et européens, l’heure n’est pas au découragement. L’heure est à l’action. Les défis sont immenses, mais les opportunités le sont tout autant. Nous vous invitons à rejoindre Les Voies, pour qu'ensemble, nous portions haut les valeurs de l’Union européenne !