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La démocratie doit devenir un travail du quotidien

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L’édito de Claire

Chers lecteurs,

Vous êtes nombreux à vous interroger sur l’avenir de notre démocratie, à l’heure où la France fait face à une instabilité politique inédite sous la Ve République. Ne nous laissons pas décourager par cette actualité !

Dans cette newsletter, Les Voies vous propose de reprendre de la hauteur en regardant comment d’autres pays ont trouvé les ressources pour revendiquer leur attachement à la démocratie et à l’Europe. L’exemple de la Moldavie nous inspire : malgré une campagne de désinformation massive et des ingérences étrangères, les citoyens ont choisi l’Europe à plus de 50 %. Un rappel puissant : la démocratie gagne quand les peuples s’en emparent.

Cette newsletter vous donne aussi les clés pour vous équiper en vue du combat commun que nous avons à mener. Ce combat, c’est celui de la résilience démocratique et de l’engagement citoyen, à un moment où l’instabilité politique atteint des sommets en France. Au sein des Voies, nous sommes convaincus que c’est en permettant aux citoyens de s’approprier les enjeux du débat public, que nous serons les mieux à même de prendre en main notre destin politique.

Mais pour y parvenir, nous avons besoin de vous. C’est pourquoi nous avons lancé notre première campagne de financements, qui se poursuivra jusqu’à la fin de l’année 2025. Chaque euro compte, et chaque contribution nous permet de rendre nos travaux plus qualitatifs et accessibles. Un grand merci à tous ceux qui ont déjà fait le choix d’investir dans l’intelligence politique en soutenant les Voies ! Et pour les autres, c’est par ici !

L’automne s’annonce décisif. Ensemble, faisons en sorte que la démocratie ne soit pas une victime collatérale des crises, mais bien la solution pour les surmonter.

Bonne lecture,

Claire Scharwatt, Vice-Présidente des Voies

Passage obligatoire par les urnes

Moldavie 1 - Russie 0 : Maia Sandu, Présidente de la Moldavie, nous avait prévenu : les élections législatives du dimanche 28 septembre étaient un test grandeur nature de résilience démocratique. Malgré les centaines de millions investies par la Russie en propagande, distribués via des canaux religieux affiliés à Moscou, les mouvements séparatistes gagaouzes ou transnistriens, la mafia locale ou encore un véritable matraquage de contenus sur les réseaux sociaux, cette petite république post-soviétique a affirmé son attachement à la démocratie et au rêve européen en votant à plus de 50% pour le parti pro-Europe.

Un peu d’histoire : avec seulement 2,6 millions d’habitants, enclavée entre l’Ukraine et la Roumanie, la Moldavie était inconnue du grand public jusqu’aux manifestations de décembre 2020, qui avaient conduit à la démission du Premier Ministre pro-russe de l’époque. Depuis le début de l’invasion à grande-échelle de l’Ukraine par la Russie, la Moldavie a fait l’objet d’une intensification des pressions russes, dans le but de créer un deuxième front à l’ouest de l’Ukraine, mais également de déstabiliser les frontières de l’Union Européenne.

Et, il faut le dire, le pays s’en sort remarquablement bien : malgré les bombardements que l’on entend parfois à la frontière et les risques quasi-permanents de coup d’Etat, la Moldavie poursuit à bon train son processus d’intégration à l’Union Européenne à grands coups de réformes. A tel point que, le 22 septembre dernier, la Commission européenne validait une nouvelle étape importante de la candidature de la Moldavie, à savoir son plan d’alignement avec le droit européen, ouvrant ainsi la porte aux négociations d’accession au statut d’Etat-Membre.

Si la route est encore longue, les élections du dimanche 28 septembre prouvent néanmoins une adhésion de la majorité de la population au projet européen et, plus largement, un fort attachement aux principes démocratiques. Dans les prochaines semaines, nous reviendrons vers vous avec une étude dédiée à ce fascinant pays, et aux leçons qu’il nous enseigne.


Les nouvelles sont moins bonnes à Prague, où le milliardaire populiste d’extrême droite Andrej Babiš et son parti ANO (“Oui”) ont largement remporté les élections législatives de ce week-end, avec 35% des voix - un record en politique tchèque. Ancien Premier Ministre de la Tchéquie de 2017 à 2021, Babiš se distingue des autres populistes dont Viktor Orban en ne rejetant pas l’Union Européenne ou l’OTAN, mais en appelant cependant à un passage au second plan du soutien à l’Ukraine.

S’il devrait redevenir Premier Ministre, sa route ne sera pas aisée pour autant. Le Président de la République, le très pro-européen et ancien président du comité militaire de l’OTAN Petr Pavel a déjà annoncé qu’il poserait son véto à toute coalition avec des partis extrémistes pro-russes, ce qui ralentira sans aucun doute le processus de formation d’un gouvernement. Babiš fait également l’objet d’une enquête pour suspicion de détournement de fonds européens à hauteur de 2 millions d’euros, fléchés vers Agrocert, son empire agricole.

Ce que nous retenons : chez les Voies, nous avons la chance de dialoguer régulièrement avec des experts français et européens spécialisés dans la construction, le maintien et la chute des démocraties. Tous nous délivrent le même message : la démocratie est un travail du quotidien. Un travail qui incombe aux partis politiques, aux journalistes, mais aussi et surtout aux citoyens qui ont le devoir de se mobiliser chaque jour - en s’informant, en allant voter, en s’engageant. A l’heure où, en France, l’instabilité fait rage, et où nos frontières sont de plus en plus menacées (nous y revenons tout de suite), la question de la résilience de nos démocraties et le rôle du vote sont plus prégnants que jamais.

Les 27 peinent à trouver des réponses communes face à la menace Russe

Drones, drones, drones - et avions de chasse. Dans un nouveau tournant de la guerre, la Russie a commencé une politique agressive de violation de l’espace aérien européen. A date, il convient de distinguer entre deux types d'agressions :

  • Une première, clairement attribuée à la Russie, consistant en un passage des frontières de l’Union Européennes - en Pologne ou en Roumanie avec des drones, en Estonie avec des avions.
  • Une seconde, sans doute attribuable à la Russie, mais pour laquelle les preuves manquent encore, consistant au survol d’aéroports européens par des drones non identifiés - laissant suggérer une menace intérieure, et suffisamment bien disséminée à travers l’Union Européenne pour avoir impacté Bruxelles.

Une réponse inadaptée à la guerre moderne : dans le cas des violations directes de l’espace aérien, les États-Membres n’ont eu d’autres choix que d’avoir recours aux avions de chasses - pour escorter les avions russes en dehors d’Estonie dans un cas, ou encore pour descendre trois drones qui se dirigeaient vers une base de l’OTAN dans un autre. Un exercice coûteux (rappelons que chaque tir de missile depuis un avion de chasse coûte plusieurs millions d’euros), et franchement peu efficace qui met en lumière le manque de préparation de l’OTAN et de l’Union Européenne. Des leçons sont, sans doute, à tirer de la résistance ukrainienne, qui prend la forme mixte d’une guérilla à base de drones, peu coûteux, et de méthodes plus traditionnelles.

Au sommet de Copenhague de la semaine dernière, les dirigeants européens n’ont cependant pas réussi à s’aligner ni sur une trajectoire de résistance, ni une ébauche solide de stratégie commune. Si une sorte de “mur de drones” aux frontières a été évoquée, il a été rapidement comparé à une faible tentative de ressusciter la ligne Maginot, avec les défauts qu’on lui connaît.

La méthode est pourtant classique, et éprouvée : Vladimir Poutine teste les Européens et l’OTAN en multipliant ses provocations, afin de prendre la mesure de notre résilience, de nos capacités de défense, et surtout, de nos velléités à tirer. Ces tests, il les mène depuis longtemps : l’invasion d’une partie de la Géorgie en 2008 ou encore de la Crimée en 2014, sans parler des tentatives de déstabilisations permanentes de nos démocraties en sont autant d’exemples. Et, dans tous les cas, il y gagne : soit il prouve la faiblesse de l’Union Européenne, et récolte suffisamment d’informations pour lancer ses prochaines opérations, sans doute contre les pays Baltes. Soit, l’Union Européenne répond réellement, et auquel cas il l'interprètera comme une escalade - justifiant, selon ses codes, une action militaire.

Pour en revenir à notre cheval de bataille : la démocratie. Cette dangereuse escalade, menée par la Russie, pourrait tenter certains États, dont la France, à valoriser des systèmes autoritaires car parfois considérés comme étant les mieux placés pour répondre à une agression militaire. Le sentiment est compréhensible : face à l’incapacité de la France de maintenir un Gouvernement suffisamment longtemps pour doter le pays d’un budget, sans parler des nécessaires réformes à construire, comment imaginer que le pays soit en capacité, avec un Parlement aussi divisé et une société aussi polarisée, de faire face à une réelle menace ?

Nous, on y croit. Les exemples sont pléthore : depuis la dissolution, notre Parlement, tout aussi polarisé soit-il, a réussi à trouver des accords significatifs en matière d’augmentation des financements de la Défense nationale, malgré un contexte budgétaire très compliqué. Autre exemple, en Ukraine, démocratie dysfonctionnelle s’il en est, où les différents partis représentés au Parlement réussissent néanmoins à faire avancer les nécessaires réformes à une adhésion à l’Union Européenne, que ce soit en adhérant aux statuts de Rome, en luttant contre l’oligarchie en mettant en place un système de méritocratie dans le choix des juges, ou encore en alignant leur politique de résilience énergétique avec celle de l’Union Européenne.

Aucune excuse donc pour céder aux sirènes du populisme, ou au mythe de “l’homme providentiel”. La constitution française prévoit de nombreux outils pour faire face à une agression externe et, tout de même, préserver nos institutions démocratiques. Cela aura été le thème de cette newsletter : tous les jours, il faut travailler à la sauvegarde, et à la croissance de notre démocratie. Alors, citoyens, partis, organisations civiques, engageons nous pour la faire fleurir contre vents et marées.

Des nouvelles des Voies - nous avons besoin de vous !

En septembre, nous avons lancé notre première levée de fonds, pour pouvoir décupler notre action en 2026, à savoir renforcer la qualité de nos productions, en travaillant notamment à la mise en place de nouveaux formats, imaginer la plateforme programmatique idéale pour les élections présidentielles de 2027 ou encore aller au plus près du terrain en organisant des rencontres à travers la France. Pour ce faire, nous estimons nos besoins à 65 000 €. Pour nous aider, et connaître le détail de notre budget en toute transparence, c’est ici ! Et, bien évidemment, vos dons sont déductibles à hauteur de 66% de vos impôts sur le revenu.

Outre le lancement de cette campagne, nécessaire à la croissance de notre Mouvement citoyen, nous avons eu le plaisir de nous asseoir avec Olga Givernet, députée Renaissance de l’Ain, ancienne ministre et ingénieure en aéronautique qui nous a présenté sa vision d’une transition écologique intrinsèquement liée à l’adhésion citoyenne, ainsi que ses propositions pour améliorer les mobilités - au service de tous les français.

Enfin, nous nous sommes penchés sur la stratégie carcérale française dans une nouvelle étude de fond. Face au près de 5000 détenus qui dorment quotidiennement au sol faute de place, et alors qu’une seule journée en prison coûte 105 euros à la société contre 10 euros dans le cas de la surveillance électronique, nous nous inspirons du meilleur de l’Europe pour assurer une politique carcérale humaine tournée vers la réinsertion, sans pour autant sacrifier la sécurité des français.

A propos

Les Voies est un mouvement progressiste citoyen fondé au printemps 2024 par Amandine Rogeon et Alexandra Laffitte. Dans un contexte politique de plus en plus incertain, Les Voies ambitionne d’insuffler un vent idéologique et programmatique nouveau grâce à une méthode innovante : la clause de la Nation la plus favorisée appliquée aux politiques publiques les plus progressistes adoptées par les États membres de l’Union européenne.