Newsletter #11

Edito de la Présidente des Voies

La nomination de Michel Barnier en tant que Premier ministre ouvre une nouvelle phase décisive pour la France. Au-delà du renouvellement du gouvernement, il est désormais temps de repenser en profondeur notre trajectoire collective, en dépassant les querelles incessantes et bruyantes qui paralysent notre pays.

Au sein du mouvement Les Voies, nous croyons que l'avenir ne se construira pas à travers des discours simplistes ou des oppositions stériles, mais grâce à une vision politique ambitieuse. Face aux défis économiques, sociaux et écologiques que nous traversons, il est impératif de mobiliser les idées et les talents de tous les horizons. L’arrivée de Michel Barnier nous invite à repenser la manière dont nous engageons le dialogue politique et la collaboration, en prenant de la hauteur sur les urgences immédiates pour bâtir des réponses durables.

Nous nous sommes donnés une mission, celle de construire une plateforme programmatique qui propose des solutions concrètes, progressistes et ancrées dans les réalités de nos concitoyens. Nous sommes convaincus que certaines réponses aux crises contemporaines se trouvent là, sous nos yeux, qu’il nous faut utiliser l’Union européenne comme fabuleux laboratoire d’expérimentation des mesures les plus progressistes. Même si cela ne suffira pas. Même si c’est un début.

Ce moment est aussi une opportunité pour la société civile de se réapproprier le débat public et de faire de la politique autrement. Je m’engage à offrir un espace où les propositions les plus novatrices et inclusives pourront émerger, loin des excès, loin des tensions, loin du bruit.

Nous nous engageons à proposer de nouvelles voies pour notre pays.

Amandine Rogeon

How to : composer son gouvernement

Passion coalitions ?

Le Premier ministre est mort, VIVE le Premier ministre. Du haut de ses 73 fringants printemps, Michel Barnier a été nommé Premier ministre par Emmanuel Macron au terme de deux longues et laborieuses semaines de consultations post JO, mettant fin à un suspense insoutenable. Et si notre Chef de l’Etat semblait avoir quelques difficultés à trouver chaussure à son pied qui convienne également aux forces en présence à l’Assemblée Nationale, il n’est pas le seul.

En Belgique notamment, les tentatives estivales de former une coalition « Arizona », d’après les couleurs des partis politiques en présence, se sont pour l’instant soldées par un échec, faute d’accord sur les orientations fiscales. Qu’à cela ne tienne, car le roi des Belges a re-nommé Bart de Wever, du parti eurosceptique Nouvelle Alliance Flammande, comme “formateur” du futur Gouvernement.


De son côté, la Bulgarie se dirige à nouveau vers des législatives anticipées, après l’échec des négociations visant à former un nouveau Gouvernement cet été. Ce résultat était fortement attendu, compte tenu des résultats très fragmentés des élections législatives du 8 juin dernier. Pour la septième fois en trois ans, les Bulgares se rendront donc aux urnes en octobre prochain.


Ursula von der Leyen a passé son été à consulter les différents dirigeants des Etats membres afin d’obtenir les nominations finales aux postes de commissaires européens. Pas une mince affaire, la Présidente de la Commission ayant demandé que lui soient proposées systématiquement deux personnes, un homme et une femme. Si elle avait réussi à se faire entendre en 2019, et donc à compter 13 femmes au sein du collège des 27 commissaires, seule la Bulgarie a joué le jeu en présentant deux candidats. Les autres pays ont proposé un seul candidat, soit un total de 9 femmes, dont von der Leyen. Les prochaines étapes les candidats doivent être auditionnés par le Parlement européen, et être, le cas échéant, confirmés ou rejetés - ce qui pourrait encore rebattre certaines cartes.

Baromètres extrêmes

Observations sur les différents mouvements extrémistes à travers l’Union Européenne - focus sur l’Allemagne.


Saxe, Thuringe : des élections locales dévastatrices en ex-Allemagne de l’Est. Un double revers pour les progressistes, avec la confirmation de l’extrême droite de l’AfD en tête dans l’Etat de Thuringe, et en seconde place, presqu’ex-aequo avec le centre droit en Saxe - mais également avec la percée du parti d’extrême gauche « Alliance avec Sarah Wagenknecht » qui arrive en troisième place dans les deux états, loin devant les partis traditionnels. S’il ne s’agit ici « que » d’élections locales, n’oublions pas que l’AfD était arrivée en tête dans l’ensemble de l’ex-Allemagne de l’Est aux dernières élections européennes, et que ces deux résultats combinés ne préfigurent rien de bon pour les prochaines élections parlementaires, prévues pour septembre 2025. Zoom sur ces deux formations extrémistes.


AfD, l’outrance comme boussole. Ces derniers mois ont vu une recrudescence du nationalisme en Allemagne, comme par exemple lors d’une soirée sur l’île de Rügen le 25 août dernier, lorsque plusieurs jeunes adultes ont fait le salut nazi en boîte de nuit. Des faits qui plaisent sans doute à Bjorn Höcke, tête de proue de l’AfD (Alternative für Deutschland / Alternative pour l’Allemagne) qui se distingue au fil de l’eau par des prise de position de plus en plus choquantes - ayant par exemple caractérisé le Mémorial de la Shoah à Berlin de « Monument de la honte » en 2017, ou en ayant été récemment condamné pour l’usage d’un slogan nazi lors d’un meeting de campagne... Si l’AfD n’arrive pas à percer en ex-Allemagne de l’Ouest (pour l’instant), les résultats des élections locales de Saxe et de Thuringe confirment son implantation dans les Länder de l’Est.


Sarah Wagenknecht, en direct de la RDA. L’autre parti à avoir percé lors de ces élections est le BSW - Bündnis Sarah Wagenknecht (Alliance Sarah Wagenknecht), fondé à la rentrée 2023 qui dépasse allègrement les 10% des votes dans les deux Länder. Sarah Wagenknecht, ancienne cadre de Die Linke (la Gauche), formation politique directement issue du seul parti autorisé en ex-RDA, a fait scission avec la maison-mère sur fond de théories pro-russes et antivax. Critique de l’immigration et contre la mise en place d’un cordon sanitaire pour isoler l’AfD, BSW surfe sur le mécontentement global des électeurs, qui n’oseraient pas, pour l’instant, voter à l’extrême droite.


Nous reviendrons dans les prochaines semaines sur les tenants et aboutissant de ces résultats électoraux, analysant dans le fond les différentes mouvances politiques en ex-Allemagne de l’Est.


Pour finir sur une note optimiste : face à ce que certains qualifient de « Poutinisation » des démocraties européennes, et dans un contexte de grande fragilité politique de la France et de l’Allemagne, certains pays nordiques, de l’Est et de l’Europe Centrale s’activent en coulisse afin de faire progresser la question de l’aide à l’Ukraine. Sensibles au souvenir de l’URSS pour certains, protecteurs de leurs frontières pour d’autres, ils multiplient les déclarations et prises de position afin de soutenir l’effort de guerre. A l’Est, du nouveau ?