2024 et au-delà : encore une année charnière pour les démocraties européennes

Edito de la Présidente des Voies

Chers membres des Voies, chers amis,

Alors que l’année s’ouvre, permettez-moi tout d’abord de vous adresser mes vœux les plus sincères pour cette année 2025.

2024 fut une année de secousses politiques, un kaléidoscope de défis et d’enseignements. Des urnes françaises aux grandes manœuvres internationales, elle nous a confrontés à des réalités souvent troublantes, parfois déroutantes. Et pourtant, derrière les ombres, des lumières subsistent. Le regain de participation électorale en France en est un symbole puissant : celui d’une citoyenneté qui refuse l’abandon, d’un corps social qui persiste à croire en la force de la démocratie.

L’année qui commence porte en elle les promesses d’un nouveau souffle. Mais ce souffle, il nous appartient de l’orienter. Entre désinformation galopante, montée des populismes et recomposition des équilibres mondiaux, les défis sont nombreux. Mais ils ne sont pas insurmontables. Nous avons, collectivement, le pouvoir de transformer ces incertitudes en opportunités.

En 2025, avec Les Voies nous continueront de porter haut une ambition : réconcilier nos territoires, nos idées, et nos volontés autour d’un projet commun. Ensemble, nous pouvons montrer que la démocratie, loin d’être un fragile héritage, est une force vive capable de se réinventer.

Je vous souhaite, à toutes et à tous, une année éclairée et audacieuse.

Amandine Rogeon 

2024, et après ?

Retour sur cette année de super-élections.

Il faut bien l’admettre, l’auteure de cette newsletter a parfois eu l’impression d’observer un match de tennis sans fin l’année dernière - comptant les balles perdues et les points marqués par le camp démocrate et le camp populiste. Et le bilan n’est malheureusement pas bon pour les démocraties européennes - en témoigne l’exemple récent de l’Autriche, où le parti conservateur ÖVP a annoncé ouvrir des négociations de coalition avec le parti d’extrême droite pro-russe FPÖ, après avoir échoué à construire une alliance avec les socialistes et les écologistes autrichiens.

Au surplus, l’élection de Donald Trump à la Présidence des Etats-Unis a renforcé la place de choix des populistes sur la scène internationale. On pense par exemple à Viktor Orbán, qui a déjà échangé à de nombreuses reprises avec le futur Président, ou à Giorgia Meloni, sur laquelle l’Union européenne semble a priori compter pour établir un canal de communication avec l’élu Républicain et son éminence grise, le milliardaire Elon Musk. Pire encore, au niveau français, Eric Zemmour est LA personnalité politique invitée à la passation de pouvoir entre Trump et Biden, prévue le 20 janvier prochain. Un indice assez clair sur les préférences du futur gouvernement américain, et qui a de quoi donner froid dans le dos, lorsque l’on voit le soutien sans relâche d’Elon Musk dans la campagne électorale du parti d’extrême droite allemand AfD.

A l’heure où la France se prépare aux élections…municipales, et sous le spectre grandissant de potentielles élections législatives et présidentielles anticipées, dirigeants politiques comme citoyens risquent donc de se retrouver pris entre des feux croisés : ceux de la désinformation de masse de Vladimir Poutine, qui, on le rappelle, a orchestré une manipulation grossière des élections en Géorgie et en Roumanie, et ceux d’Elon Musk, accusé à fort juste titre par le Président de la République Emmanuel Macron de vouloir créer une “nouvelle internationale réactionnaire”.

L’actualité mouvementée de 2024, qui s’est nettement accélérée en fin d’année, n’est pas uniquement négative. Aussi, le renouvellement des institutions européennes a donné une impulsion politique suffisante pour que le nouveau collège des commissaires se penche sérieusement sur les rapports des économistes Draghi et Letta, qui pourraient être à même de renforcer l’économie européenne face aux blocs russes, chinois et américains. L’Union européenne a également gagné une nouvelle cheffe de la Démocratie, en la personne de l’ancienne première ministre estonienne Kaja Kallas - dont le franc-parler, l’inflexibilité face à la Russie et le réalisme politique sont connus de tous.

Enfin, arrêtons nous sur un indicateur clé de cette année électorale : celui de la participation, en nette hausse en France par exemple, avec un résultat de 67% - une première depuis 1997. Voir nos citoyens renouer avec les urnes est toujours une excellente nouvelle : à la classe politique désormais de consolider ce sursaut démocratique en tissant des liens solides avec les électeurs, autour de valeurs partagées et d’un projet collectif capable de dépasser les fractures qui ont marqué 2024.

Qu’attendre du début d’année ?

Du point de vue français, nous identifions quatre grandes étapes à suivre lors de ce début d’année. En premier lieu, la déclaration de politique générale de François Bayrou du 14 janvier (oui c’est demain), qui confirmera si oui, ou non, il aura réussi à dessiner un consensus avec les différentes forces politiques de droite et de gauche en présence, pour agir contre la prophétie auto-réalisatrice d’une censure de l’extrême droite et de l’extrême gauche. Si le Premier Ministre réussit l’exercice, la prochaine étape logique sera celle du budget, un moment crucial pour la France qui doit faire face à des économies colossales, tout en agissant de manière ambitieuse en faveur du pouvoir d’achat des français, de la santé et de l’éducation.

Sur le plan institutionnel, Emmanuel Macron aura la lourde tâche de remplacer Laurent Fabius à la tête du Conseil Constitutionnel d’ici le mois de mars. Rappelons le, le Conseil a joué un rôle très important ces dernières années, en censurant notamment le projet de loi sur l’immigration, suscitant l’ire des Républicains et du Rassemblement National. L’enjeu sera donc ici de préserver ce rôle de juge neutre politiquement, et attaché au respect et à l’application de notre Constitution et de ses valeurs.

Enfin, 2025 verra le lancement formel de la campagne pour les élections municipales de 2026, séquence que nous jugeons fondamentale au sein des Voies pour réconcilier territoires, citoyens et politiques.

Au niveau européen, nous vous avons sélectionné cinq élections à suivre ce premier semestre. En premier lieu, les élections parlementaires en Allemagne, prévues pour février, et qui devraient logiquement déboucher sur une coalition entre le centre droit et le centre gauche, pilotée par le conservateur Friedrich Merz - à moins d’une percée surprise de l’extrême droite via l’AfD. Au mois d’avril, le Groenland devra élire son nouveau Gouvernement - une élection à observer à la loupe, alors que l’île cherche à asseoir son indépendance vis-à-vis du Danemark, tout en faisant face à la menace d’une invasion armée des Etats-Unis. Enfin, en mai, les citoyens roumains retrouveront les urnes pour les élections présidentielles, à la suite de l’invalidation du dernier scrutin par leur Conseil Constitutionnel, sur fond d’ingérence Russe. Ce même mois, la Pologne votera afin de désigner son Président de la République, et les moldaves devront élire un nouveau Parlement - pour confirmer (nous l’espérons) la tendance pro-européenne de cette enclave entre l’Ukraine et l’Union européenne.


Au niveau international, le monde basculera dans une nouvelle ère Trump au 20 janvier, comprenant son lot d’incertitudes pour la stabilité globale des routes économiques, et pour l’avenir des démocraties libérales. Un premier choc pour l’Union européenne est attendu à cette occasion, le futur Président américain ayant décidé d’ouvrir des négociations de paix en Ukraine, sans certitude quant à l’implication de cette dernière, ni de l’Union européenne d’ailleurs.


Alors, comment conclure ? Et bien, tout d’abord, en nous rappelant que tout n’est pas perdu. S’il faut être réaliste vis-à-vis des enjeux que nous traversons, individuellement comme collectivement, ce constat ne doit pas nous emmurer dans la peur, mais au contraire nous pousser à nous instruire pour mieux réagir - par exemple en nous engageant en politique, en rejoignant des associations, ou tout simplement en nous instruisant de manière continue. En 2025, nous vous souhaitons donc une année d'action et d'optimisme !

Des nouvelles des Voies

La semaine dernière, nous avons reçu l’économiste Nicolas Bouzou, qui a bien voulu explorer pour nous les origines de la peur dans le débat politique français dans une interview très intéressante que vous retrouverez ici. Une lecture pertinente, pour mieux aiguiser nos esprits démocratiques pour 2025 !


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